A propos d'eBREVE

La Guyane française est couverte à plus de 90% de forêt tropicale humide, et constitue de fait la plus grande réserve de biodiversité terrestre française. La très grande majorité de la population se concentre dans les zones urbaines du littoral, et la démographie du département est la 2eme plus forte de France (2.8%) après Mayotte.

Paradoxalement, une part importante de la population ne s’est pas appropriée cet environnement qui reste vu principalement comme un réservoir de ressources (bois, minerais, hydroélectricité, gibiers…). Localement la biodiversité est généralement peu ou mal connue, exceptée au travers de sa faune emblématique, à savoir les grands mammifères, les reptiles, les oiseaux et certains arthropodes comme les mygales ou les « fourmis rouges ». Ceci peut s’expliquer par des problématiques économiques qui génèrent de la pauvreté et un déficit d'accès aux connaissances (taux de chômage de 19%), par les difficultés d’accès à la forêt pour les populations urbaines et par les conditions environnementales difficiles que l’on y rencontre (chaleur, humidité, insectes…).

Il est montré que l’intérêt de la société pour la biodiversité est fortement lié à des facteurs comme l’aspect esthétique, l’anthropomorphisme ou l’évidence des fonctions écologiques des espèces étudiées : [ref :  Jaric et al  ] beauté des papillons, similarités sociales entre les dauphins et les humains, rôle de pollinisateur des abeilles en sont des exemples.

Il s’avère également que le financement de recherches par des fonds publics est corrélée aux attentes de la société civile. La biodiversité doit être considérée dans son ensemble et intégrer aussi les espèces moins emblématiques et moins esthétiques tels que les insectes ou les champignons [ref :  Brandilla et al ].

Cette biodiversité négligée est encore mal connue et souffre d'un énorme déficit de connaissances.

L’éducation à l’écologie se fait majoritairement par la découverte d’espèces emblématiques ou espèces “parapluie” [ref : Roberge et al. Simberloff et al. Basset et Lamarre  ] telles que le jaguar, les singes atèles ou les tapirs en Guyane. Pourtant, il est indispensable d’éduquer et de faire découvrir à la société les relations entre ces espèces “parapluie” et les communautés d’organismes méconnus qui permettent leur maintien dans les écosystèmes. Ainsi, communiquer sur les champignons microscopiques du sol nécessite de comprendre aussi leur rôle dans le fonctionnement de l’écosystème, et donc in fine sur les espèces qui retiennent l’intérêt de la société. Pas de champignons, pas de jaguar, alors que l’inverse n’est pas forcément vrai.